Avec ce premier (à suivre) État de Chaises, Yves Barré en rassemble un tas de ces fameuses chaises ! Lui au moins ne pratique pas la politique de la chaise vide… Il est pourtant deux types de chaises qui n’ont pas inspiré d’aphorismes à cet écrivain qui sait pourtant manier la chaise dans tous ses états ambigus, du "dossier" aux "barreaux" en passant par les "pieds" et par "l’assise", et la dessiner dans un esprit panique proche de Topor et d’Olivier O. Olivier. Quoiqu’anticlérical, André Breton aimait passer ses vacances à La Chaise-Dieu (en 1947), non loin de l’Abbaye dédiée à Saint Robert et habitée par les Casadéens. L’auteur ne souffle pas non plus un mot de la profession désuète des chaisières, ni des rochers du même nom dans la vallée du Verdon. Ces jeux avec le langage ne forment pas un rond dans l’eau bénite, mais des bulles de plaisir dans le cerveau du lecteur. Comme Yves Barré, deux auteurs n’aiment pas les chaises de Monsieur tout le monde : Edogawa Rampô et sa "Chaise humaine" et l’Esprit Frappeur du Caire, Georges Henein : "Jeunes gens, refusez ce siège qu’on vous offre. Vous n’en serez que la housse humaine, très vite froissée." Deux façons de s’asseoir (ou de ne pas s’asseoir)… en lisant ce charmant petit livre.

Marc Kober