Quel homme n’a jamais pu être sûr de ce qui se passe derrière son dos ? Emmanuelle Lemesle nous laisse entrevoir la possibilité d’une réponse à cette question posée par Julien Green, s’agissant d’un lieu, le tribunal, d’une audience, correctionnelle, d’un juge, le président d’audience, et d’un dos, celui du prévenu à la barre. Elle nous rend compte combien ce dos, invisible pour le juge, est le seul écran visuel, pour le public, des soubresauts d’un spectacle qui se passe devant. Il est la masse corporelle de l’ombre, celle qui transmet, par son schéma comportemental, le retour indirect des émotions qu’elle ingère au gré d’une instruction de faits par un tribunal ignorant du regard plébéien. Cela impose pour un public aguerri, habitué de ces mardis correctionnels, de savoir lire le dos, de décrypter les signes, les gestes et les mouvements parfois imperceptibles de cet envers, d’appréhender ce qui se révèle être un véritable langage corporel pour mieux comprendre toute l’importance du jeu de rôle qui se réalise hors de sa vue.

C’est ce regard particulier, nouveau et chroniqueur, que nous offre ce livre en nous permettant de nous installer, à la place du journaliste, dans le prétoire et de nous laisser aller à deviner celui qui se cache ou, au contraire, se révèle, derrière ce dos, voire devant.

Très belle idée !

Agnès Garcia-Degrolard, magistrate à la cour d’appel de Caen