Depuis des millénaires, les hommes ont entraîné dans leur sillage les animaux
sur les champs de bataille. La Grande Guerre ne dérogea pas à la
règle. Même si, en ce début de xxe siècle, la modernité est en marche –
camions, avions, chars –, elle ne pourra s’affranchir du monde animal.
Une guerre totale où animaux de toutes sortes participent chacun à leur
manière à l’effort de guerre. Certains accomplissent leur mission au plus
près des combattants et partagent avec eux peurs, souffrances et mort.
D’autres les réconfortent et les soutiennent. Il y a aussi ceux qui les nourrissent,
et ceux, parasites, qui les harcèlent.
L’histoire des millions d’animaux jetés dans la fournaise est effectivement
révélatrice de la réalité du conflit : son âpreté, sa brutalité, mais aussi son
absurdité, dramatiquement illustrée par les quelque dix millions d’animaux
qui y ont perdu la vie. Vingt millions de sacrifiés en comptant les
pertes humaines.