Au Clos des Fées, une nouvelle exposition autour du livre associe les plasticiens Serge Delaune et Guillaume Bourquin.

Première d’une série intitulée Un livre, une histoire, la nouvelle exposition du Clos des Fées réunit avec pertinence deux artistes dont le travail révèle une approche complémentaire de l’objet livre qu’il soit outil de lecture, à fabriquer ou livre à archiver.

« Peintécriteur » comme il aime à se qualifier, Guillaume Bourquin expose à Paluel un ensemble de peintures, paysages écrits et textes peints. Avant de s ‘orienter vers les arts plastiques, ce docteur en philosophie travailla sur les notions d’usure, de trace, d’effacement, de corrosion et autres palimpsestes. Au Clos des Fées, il apporte un regard décalé sur notre patrimoine écrit afin comme il l’exprime, de « faire taire les mots en faisant parler les tableaux, écrire des tableaux en peignant de l’écrit ». Peints en blanc sur des fonds de page noircis, ses lettrages trahissent à leur manière son passage de la philosophie à la peinture.

Chez Bourquin, « histoire » est à comprendre au sens où elle relie le livre à la personne lorsqu’il l’écrit, le fabrique, l’illustre, le relie, le lit, le copie ou encore le transforme.

Ses métamorphoses de livres en objets d’art constituent ici pour le plasticien le moyen qu’il a trouvé pour sauver le texte, partout éclipsé de nos jours par l’image. Aussi, l’artiste a choisi de resituer dans l’espace les mots, alinéas et autres ponctuations. Ainsi agencés en cercle, courbes ou carrés, les textes finissent par prendre ici l’allure de paysages.

Dans une approche différente, Serge Delaune qui parle pour sa part de Mémolivre pour traduire ce à quoi s’apparentent ses propositions plastiques. Là où d’autres plasticiens élaborent de classiques livres d’artistes, Serge Delaune s’intéresse au livre-objet. Point d’accumulation, d’enrubannage ou d’écriture chez lui qui préfère plutôt les torturer jusqu’à les transpercer afin de contraindre chacun à les observer différemment.

Qu’il soient scellés, suspendus, avec des pages manipulées, pliées ou découpées, confrontés à la matière ou aux reflets, les Mémolivres de Serge Delaune créent des liens entre le temps, son contenant comme son contenu. Avec lui, l’artiste devient prolongateur de récits, passeur de mémoires ou créateur d’expériences. A découvrir jusqu’au dimanche 6 novembre.

En complément de l’exposition, un atelier est proposé les 3 et 4 novembre, de 14h30 à 17h30, Serge Delaune encadrera un atelier Mémolivre. En apportant chacun un livre de son choix, les participants pourront le transformer totalement pendant ces séances. Un livre dont il convient de se débarrasser sans état d’âme puisqu’ensuite, il ne sera plus en état d’être lu. Éventuellement un livre si important pour son propriétaire qu’il souhaitera le voir doté d’une nouvelle dimension comme « sacralisé » à l’issue de cet atelier.